Vous possédez un bien immobilier ancien que vous louez en meublé et vous vous demandez comment optimiser sa fiscalité ? Le statut de Loueur en Meublé Non Professionnel (LMNP) recèle un mécanisme particulièrement puissant, souvent méconnu des investisseurs : l’amortissement. Loin d’être réservé aux biens neufs, il s’applique aussi à l’ancien et peut transformer radicalement la rentabilité de votre projet en réduisant, voire en annulant, votre impôt sur les revenus locatifs pendant de nombreuses années. Comprendre sa durée et son fonctionnement est donc essentiel pour tout investisseur averti.
Qu’est-ce que l’amortissement en LMNP ancien ?
L’amortissement est avant tout un concept comptable. Il représente la constatation de la perte de valeur d’un bien due à son usure, au temps qui passe ou à l’obsolescence. Dans le cadre d’un investissement en LMNP ancien, ce mécanisme vous autorise à déduire chaque année une partie du prix d’achat de votre bien et de ses équipements de vos revenus locatifs.
Cette déduction est une charge « fictive » : elle ne correspond à aucune sortie d’argent réelle de votre part. Son unique but est de diminuer votre résultat imposable. Ainsi, même si vous percevez 10 000 € de loyers, l’amortissement peut réduire votre bénéfice fiscal à zéro, vous libérant de toute imposition sur ces revenus.
Pour bénéficier de cet avantage majeur, une condition est non négociable : vous devez opter pour le régime réel d’imposition. Le régime par défaut, le micro-BIC, ne le permet pas, se contentant d’appliquer un abattement forfaitaire sur vos recettes. Le choix entre le LMNP au régime réel ou micro-BIC est donc une décision stratégique qui dépendra du montant de vos charges et de votre volonté d’optimiser votre fiscalité.
Comment fonctionne l’amortissement pour un bien ancien ?
La complexité de l’amortissement LMNP réside dans son calcul, qui se fait par composants. L’administration fiscale considère en effet qu’un bien immobilier n’est pas un bloc monolithique mais un assemblage d’éléments qui ne s’usent pas à la même vitesse. Il est donc nécessaire de décomposer la valeur totale de votre acquisition en plusieurs postes.
La décomposition du bien par composants
Chaque composant se voit attribuer une durée d’amortissement propre, reflétant sa durée de vie théorique. Voici la méthode à suivre :
- Déterminer la valeur du bien : Il s’agit du prix d’achat H.T., auquel s’ajoutent les frais de notaire et d’agence. Si vous possédez le bien depuis longtemps, il faudra retenir sa valeur vénale actuelle, c’est-à-dire son prix de marché estimé au moment du début de l’activité de location meublée.
- Isoler la valeur du terrain : Le terrain est le seul élément qui ne perd jamais de valeur et n’est donc jamais amortissable. Sa valeur est estimée forfaitairement, représentant généralement entre 10 % et 30 % de la valeur totale du bien, selon sa localisation et ses caractéristiques.
- Ventiler le reste de la valeur : La valeur restante (valeur du bien – valeur du terrain) est ensuite répartie entre les différents composants de la construction.
L’amortissement des travaux et des meubles
Au-delà de la structure même du bien, deux autres catégories d’éléments sont amortissables :
- Les travaux : Les dépenses de rénovation, d’amélioration ou de reconstruction peuvent être amorties. Leur durée d’amortissement varie selon leur nature, généralement entre 10 et 20 ans. Les simples travaux d’entretien (peinture, petites réparations) sont, quant à eux, déduits immédiatement en tant que charges.
- Le mobilier et les équipements : La liste des meubles obligatoires en LMNP ainsi que tout l’équipement (électroménager, literie, etc.) sont amortissables. Leur durée d’amortissement est plus courte, typiquement entre 5 et 10 ans. Si la valeur unitaire d’un bien est inférieure à 600 € TTC, il est admis de le passer directement en charge, sauf s’il s’agit du mobilier initial lors de la mise en location, qui doit obligatoirement être amorti.
Attention à la date de début d’activité
Pour pouvoir être amortis ou déduits, les travaux et l’achat de mobilier doivent avoir été facturés à une date postérieure à la date de début d’activité que vous avez déclarée via le formulaire P0i. Toute dépense antérieure ne pourra pas être prise en compte.
Quelle est la durée d’amortissement pour un LMNP ancien ?
La durée d’amortissement est donc une combinaison de plusieurs périodes distinctes. En pratique, bien qu’il soit possible d’affiner les calculs, les experts-comptables et l’administration fiscale s’appuient sur des durées d’usage communément admises.
Voici un tableau récapitulatif des durées d’amortissement typiques pour un bien LMNP ancien :
| Composant | Proportion de la valeur du bâti | Durée d’amortissement | Taux annuel |
|---|---|---|---|
| Terrain | 10% – 30% de la valeur totale | Non amortissable | 0% |
| Gros œuvre (fondations, murs porteurs) | 40% – 70% | 50 à 80 ans | 1.25% à 2% |
| Toiture / Étanchéité | 10% – 15% | 25 à 30 ans | 3.33% à 4% |
| Installations techniques (électricité, plomberie) | 10% – 15% | 20 à 30 ans | 3.33% à 5% |
| Aménagements intérieurs (cloisons, revêtements) | 5% – 15% | 12 à 20 ans | 5% à 8.33% |
| Mobilier et équipements | N/A (valeur d’achat) | 5 à 10 ans | 10% à 20% |
| Travaux de rénovation | N/A (valeur facturée) | 10 à 20 ans | 5% à 10% |
Exemple concret :
Prenons un appartement ancien acheté 250 000 € (frais d’acquisition inclus).
- Valeur du terrain (estimée à 20%) : 50 000 € (non amortissable).
- Base amortissable pour l’immobilier : 250 000 € – 50 000 € = 200 000 €.
- Amortissement annuel du bâti (sur une durée moyenne de 30 ans) : 200 000 € / 30 = 6 667 €.
- Valeur du mobilier et des équipements : 10 000 €.
- Amortissement annuel du mobilier (sur 7 ans) : 10 000 € / 7 = 1 428 €.
- Total de l’amortissement annuel déductible : 6 667 € + 1 428 € = 8 095 €.
Cette somme de 8 095 € viendra chaque année en déduction de vos loyers, en plus de toutes les autres charges déductibles au régime réel, comme les intérêts d’emprunt, la taxe foncière ou les charges de copropriété.

Les avantages fiscaux de l’amortissement dans l’ancien
Le principal avantage de l’amortissement LMNP est sa capacité à neutraliser l’impôt sur les revenus locatifs. Grâce à cette charge comptable, 85 % des loueurs en meublé au régime réel ne paient que très peu, voire pas du tout, d’impôt sur leurs loyers pendant de nombreuses années.
Le report des amortissements non utilisés
Une règle fondamentale régit ce mécanisme : l’amortissement ne peut pas créer ou aggraver un déficit. Concrètement, si le total de vos autres charges (intérêts, taxes, etc.) est déjà supérieur à vos loyers, vous ne pourrez pas utiliser l’amortissement pour cette année.
Cependant, cet amortissement n’est pas perdu ! Il est mis de côté et reporté. Ces « amortissements réputés différés » constituent une réserve que vous pourrez utiliser dans les années futures, dès que votre activité dégagera un bénéfice. Et le plus grand avantage est que ce report est illimité dans le temps, contrairement au report des déficits classiques qui est limité à 10 ans.
Aucun impact sur l’imposition de la plus-value
C’est sans doute l’atout le plus spectaculaire du LMNP. Lors de la revente de votre bien, l’imposition de la plus-value est calculée selon le régime des plus-values des particuliers. Le calcul est simple :
Plus-value = Prix de vente – Prix d’acquisition
Les amortissements que vous avez déduits pendant des années ne viennent pas diminuer la valeur d’acquisition. Autrement dit, vous bénéficiez d’un avantage fiscal considérable à l’entrée (réduction d’impôt sur le revenu) sans être pénalisé à la sortie (pas de majoration de la plus-value imposable). C’est une différence majeure avec le statut de Loueur en Meublé Professionnel (LMP) ou les sociétés soumises à l’IS, pour lesquelles l’amortissement impacte directement le calcul de la plus-value.
Optimiser l’amortissement de votre bien : les bonnes pratiques
La mise en place du tableau d’amortissement par composants est une étape technique qui ne laisse pas de place à l’improvisation. Une erreur dans la ventilation ou les durées retenues peut entraîner un redressement fiscal.
Traditionnellement, les investisseurs se tournent vers un expert-comptable pour sécuriser cette démarche. Cependant, cette solution représente un coût non négligeable, pouvant atteindre plusieurs centaines d’euros par an.
Une alternative moderne et économique existe. Des plateformes en ligne comme Ma Déclaration Meublée permettent d’automatiser entièrement le processus. En répondant à un questionnaire guidé, vous renseignez vos recettes et vos charges. La solution se charge ensuite de :
- Calculer automatiquement les amortissements selon les normes en vigueur.
- Générer votre liasse fiscale complète (formulaire 2031 et annexes).
- Gérer la télétransmission de votre déclaration à l’administration fiscale en quelques clics.
Pour un tarif débutant à 219 € TTC, ces outils fiables, agréés par l’administration, vous font gagner du temps et vous assurent une déclaration juste, sans avoir besoin de maîtriser les subtilités comptables.
Évaluez correctement votre bien au démarrage
Si vous mettez en location un bien que vous déteniez déjà (ancienne résidence principale, bien hérité…), la base de l’amortissement sera sa valeur vénale, et non son prix d’achat initial. Il est fortement recommandé de faire réaliser une estimation par un professionnel de l’immobilier pour justifier cette valeur en cas de contrôle.
Les conséquences de l’amortissement sur le long terme
L’amortissement structure la vie fiscale de votre investissement LMNP en trois grandes phases :
- La phase de financement : Pendant les premières années, si vous avez souscrit un crédit, les intérêts d’emprunt sont souvent élevés et suffisent à générer un déficit. Les amortissements ne sont pas utilisés mais sont stockés pour plus tard.
- La phase de rendement : Une fois le crédit partiellement remboursé, les intérêts diminuent et un bénéfice apparaît. C’est là que les amortissements de l’année, puis les amortissements reportés, entrent en jeu pour annuler ou réduire ce bénéfice imposable. Cette phase peut durer de 15 à 25 ans.
- La phase d’arbitrage : Lorsque toutes les réserves d’amortissement sont épuisées, vos revenus locatifs deviennent pleinement imposables. Deux options s’offrent alors à vous :
- Basculer au régime micro-BIC : Si vos charges réelles deviennent inférieures à 50 % de vos recettes, le passage au régime micro-BIC et son abattement forfaitaire peut redevenir intéressant.
- Revendre le bien : La revente est souvent la solution la plus judicieuse. L’acquéreur pourra à son tour démarrer un nouveau cycle d’amortissement sur la base de son prix d’achat, ce qui constitue un argument de vente de poids.
Maîtriser la durée et le mécanisme de l’amortissement est donc la clé pour piloter efficacement votre investissement locatif dans l’ancien. C’est un outil fiscal d’une rare efficacité qui, bien utilisé, maximise votre rentabilité nette et sécurise votre projet sur le long terme.
FAQ : Amortissement LMNP dans l’ancien
Puis-je amortir un bien acheté il y a 20 ans ?
Oui, absolument. Le fait que l’achat soit ancien n’est pas un obstacle. La base de calcul pour l’amortissement ne sera pas le prix d’achat d’il y a 20 ans, mais la valeur vénale actuelle du bien au moment où vous commencez votre activité de location meublée. Vous devrez faire estimer sa valeur de marché aujourd’hui.
Comment évaluer la valeur des meubles sans factures ?
Pour le mobilier initial qui équipe le logement lors de la première mise en location, si vous n’avez pas conservé toutes les factures, l’administration fiscale tolère que vous procédiez à une évaluation raisonnable de leur valeur d’occasion, en vous basant sur des biens similaires sur le marché de la seconde main. Cette évaluation doit être faite une seule fois, au démarrage de l’activité.
L’amortissement a-t-il un impact sur la plus-value à la revente ?
Non, et c’est l’un des plus grands avantages du statut LMNP. La plus-value immobilière est calculée en soustrayant le prix d’acquisition initial du prix de vente. Les amortissements déduits fiscalement chaque année ne sont pas pris en compte dans ce calcul. Vous ne subissez donc aucune pénalité fiscale à la revente.
Que se passe-t-il si mes charges dépassent déjà mes loyers ?
Si vos charges déductibles (intérêts d’emprunt, taxe foncière, copropriété, etc.) sont supérieures à vos recettes locatives, vous êtes en déficit. L’amortissement est appliqué en dernier. Comme il ne peut pas créer de déficit, l’amortissement calculé pour l’année ne sera pas déduit. Il sera entièrement reporté aux années suivantes, sans limite de temps, et pourra être utilisé dès que votre activité dégagera un bénéfice.

